So verflucht ich die Liebe
dit Alberich aux Filles du Rhin dans la scène 1 de l'Or du Rhin.
La première fois que je me suis intéressé à l'opéra et à son texte, j'avais interprété cette déclaration à partir de sa traduction habituelle (je renonce à l'Amour), comme un renoncement nécessaire à la conquête du pouvoir.
J'avais donc une approche strictement individualiste de la position d'Alberich, incarnation du mal et de la soif de pouvoir, mais aussi des fablesses humaines, qui renonçait à la capacité d'être aimé, -je n'avais à l'époque pas envisagé que ce pouvait aussi être la capacité d'aimer-, en échange de l'Or du Rhin.
20 ans ont passé et j'ai totalement révisé cette interprétation. La traduction peut aussi être "maudire". Alberich ne renonce pas à l'Amour. Il le maudit, il le détruit en tant que force de la lumière, de la vie, de l'ouverture et de l'altruisme, pour le remplacer par le pouvoir, force de l'ego et de l'enfermement.
On retrouve évidemment ailleurs cette approche maçonnique du bien et du mal. Notamment dans la Flûte Enchantée, mais aussi, et c'est moins connu, dans Zoroastre de Jean-Philippe Rameau, beaucoup plus ancien.
Ceci constitue un puissant fil conducteur entre des époques et des compositeurs pourtant fort éloignés les uns des autres.