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Le bonheur à la chinoise

Publié le par Bertrand Ricque

Deux articles intéressants dans le Straits Times, pris à Singapour.

 

Le premier donne une version très ouverte du conflit Google vs Chine (tout çà en réécoutant Didon et Enée, décidément, je ne m’en lasse pas). Le gouvernement chinois ne souhaite pas que son effort pour sauver le pays de l’ère Mao en réduisant la pauvreté et en créant des classes moyennes soit  contrarié par des opposants. Cà on le savait déjà. Mais le fait nouveau pour moi est que les chinois sont très suspicieux sur les performances des Etats-Unis face à l’implosion de leur système financier, mais surtout face au vieillissement de leurs infrastructures (que beaucoup d’ingénieurs états-uniens dénoncent eux-mêmes) ainsi que face à la déliquescence du système éducatif secondaire. Il va être intéressant de voir comment les chinois vont intégrer les influences occidentales qu’ils subissent inéluctablement (prééminence de la loi et liberté de parole) pour produire leurs propres solutions.

 

Le second concerne la gestion de l’habitat et des quartiers à Singapour. D’une part les immeubles et les quartiers sont soumis à une très intéressante politique de quotas afin qu’il ne se crée pas de ghettos ethniques afin de faciliter (et d’imposer) la mixité ethnique. Il en résulte, il est vrai, un très relatif brassage de populations, certains groupes étant manifestement plus ouvert que d’autres. On peut se poser la question du résultat de ce mélange forcé et celle de la restriction de liberté du fait qu’on interdise à des gens de se regrouper. On retrouve à ce niveau le débat entre la fin et les moyens (comme dans l’article précédent) dans lequel les asiatiques tranchent assez rapidement en général en faveur des moyens pendant que les occidentaux se posent la question de l’acceptabilité des moyens. De mon point de vue cette question reste ouverte et il me semble clair que la pédagogie trouve parfois ses limites. Donc je dirais que si on a du temps devant soi, comme plusieurs générations par exemple, on peut imaginer obtenir des résultats par la simple évolution des mentalités. En revanche, comme on a jamais vu un homme politique se faire élire sur un programme qui donnera des résultats dans soixante ans, ou si on est pressé, il semble difficile de ne pas passer outre aux volontés individuelles, en tentant de conserver un espace de liberté personnelle. A Singapour cette politique semble porter ses fruits partiellement. Il n’y a effectivement pas de véritables ghettos ethniques en dehors des vieux quartiers commerçants traditionnels. En revanche, le brassage de population produit des résultats mitigés en fonction des ethnies. On a l’impression que les chinois se mélangent facilement, mais du côté des indiens ou des malais (musulmans), c’est beaucoup plus douteux.

 

C’est quand même extraordinaire, tous ces gens qui ne savent pas exister individuellement en dehors de références religieuses ou communautaires et qui en plus ne se mélangent pas. Ils n’ont pas du lire Kant…

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