La barquette Findus
L'affaire de la barquette de lasagnes à la viande de boeuf est finalement emblématique de notre époque.
La société de consommation donne envie à tout le monde d'avoir accès à tout. Mais tout le monde n'a pas les mêmes moyens. Les riches achètent des BMW et les moins riches achètent autre chose (dans les années 80, pour les sociologues, la R18 était la BMW du pauvre). Les non riches se payent d'ersatz pour acheter l'illusion de la richesse. Certaines illusions n'en sont pas grâce à l'utilisation d'esclaves. Comme les fraises en hiver produites par deux catégories d'esclaves : le pétrole abondant et pas cher, et les journaliers marocains.
Mais il faut aussi créer les produits qui vont donner au non-riche cette illusion. Ce produit doit avoir l'aspect, le goût (?), la présentation du produit pour le riche, mais évidemment pas le prix. L'industrie, sous la pression des distributeurs/vendeurs, sous la pression des clients (nous) s'échine donc à réduire le coût de ses produits. Et vient un jour où il n'est plus techniquement possible de baisser les coûts. Et tout le monde s'en doute bien. Mais interviennent alors les ressorts psychologiques. Le distributeur croit tellement (aimerait croire) que la concurrence va faire jaillir un fabriquant moins cher que les autres, qui aura trouvé un moyen de réduire ses coûts. Le fabriquant croit tellement (aimerait croire) que la concurrence fera émerger un fournisseur meilleur marché. Le fournisseur cherche désespérément le grossiste qui cherche l'éleveur qui ...
Et le produit apparaît au prix de revient de 1,5 €. Bien évidemment des lasagnes au boeuf à ce prix là, cela n'existe tout simplement pas. Haro sur le maillon faible, il y en a forcément un. La chaîne de production se repose sur les documents réglementaires (falsifiés dès l'origine, mais le falsificateur n'avait-il pas fini lui-même par y croire ?).
Le client lui ne se remet surtout pas en question. C'est son DROIT d'avoir accès à tout. Commencer à penser autrement c'est engager le sentiment de déclassement.
Les autorités étatiques ne souligneront surtout pas que, au delà de la fraude, le client pourrait être prié d'avoir un point de vue critique sur ce qu'il achète et sur ce que ses moyens lui permettent d'acheter.
Le problème au fond est que les matières premières, notamment alimentaires, ne feront qu'augmenter en raison de la raréfaction et du renchérissement des deux esclaves sus-cités. Je crains les réactions quand des gesn qui ont pris l'habitude d'avoir des tomates et des fraises en toute saisons vont devoir commencer à s'en passer alors que d'autres (rares, mais tout de même) pourront continuer. Ils ne vont rien comprendre. On n'aurait peut être dû les prévenir qu'ils vivaient dans un rêve.
Au delà de l'industrie alimentaire, toutes les autres industries sont touchées, y compris les médicaments et la défense, mais pas encore le nucléaire et l'aéronautique. Ceci dit, les pressions sont fortes. Les clients achètent au dixième ou au centième du coût des logiciels dont ils ne comprennent pas qu'ils soient buggés...