Faire son devoir
En 1986 j'étais officier. Et j'avais vu avec admiration mes collègues russes pilotes d'hélicoptère prendre la place de leurs subordonnés pour aller mourir au dessus de Tchernobyl. Ils ont simplement fait leur devoir d'officier et d'homme.
Aujourd'hui j'ai appris par sa femme qu'un collègue japonais est parti rejoindre les équipes qui travaillent sur le site de Fukushima. C'est un ingénieur, professeur d'université et spécialiste des systèmes de sécurité et des risques industriels. Il fait son devoir d'ingénieur et d'homme. Je suis profondément ému et impressionné par son geste.
Je vous demande d'avoir une pensée pour ceux qui, en pleine connaissance de cause et en pleine conscience de leur devoir d'homme solidaire des autres hommes, sont en train de donner leur vie.
Le métier d'ingénieur, dans le cadre des systèmes critiques, est très difficile à vivre dans un univers de contraintes de moyens. Mais on sait aussi que l'absence de contraintes n'est pas la panacée car elle mène à la gabegie et à l'irresponsabilité.
L'ingénieur comme le militaire est en prise directe avec le monde physique et la vie des hommes, contrairement au financier pour lequel cela peut se terminer ainsi, mais d'une manière tellement indirecte qu'elle en devient virtuelle.